Un projet délirant de la mairie d'Elbeuf
Il y a un peu plus d'un an, la Mairie d'Elbeuf présentait son projet de bâtir un nouveau quartier sur les bords de Seine à proximité du centre ville. Cette zone d'aménagement concerté (ZAC) de prime abord est un projet intéressant. La municipalité entend ainsi renouveler l'image de la commune en édifiant un quartier cossu sur les rives de Seine. La réalité est bien moins favorable. Ce projet n'en présente pas moins de graves problèmes tant sociaux qu'environnementaux.
Mais là n'est pas le plus choquant. Pour réaliser cette ZAC, la commune a décidé d'étendre le périmètre à aménager. Or le seul terrain disponible pour ce faire est le parc du Lycée André Maurois d'Elbeuf. La Région Haute-Normandie a offert généreusement à la commune la possibilité d'amputer 20 % du domaine couvert aujourd'hui par un petit bois, ultime relique de la forêt qui constituait le fond de la demeure de la famille Blin sur laquelle le Lycée a été construit. Sans consulter les personnels et les usagers, la collectivité de tutelle de l'établissement a cédé un bien public à des fins de spéculation immobilière.
En effet nous sommes bien ici en présence d'un projet aux ambitions nettement affirmées. La ZAC Marignan ne répond que très partiellement au problème du logement sur Elbeuf. Les logements cossus proposés s'adressent à un public de classe moyenne et non pas à la population précarisée d'Elbeufs. Un certain cynisme amène même à penser qu'il s'agit de proposer une offre de logement à des classes moyennes vieillissantes qui sont allés vivre sur les plateaux de la périphérie urbaine pour élever leurs enfants. La municipalité veut récupérer les catégories sociales aisées qui l'ont désertée oubliant la réalité des enjeux sociaux.
Les 750 000 € annoncés par les pouvoirs publics pour viabiliser la zone apparaissent dès lors comme disproportionnées. Il faut dire que l'endroit est bien pourri. L'essentiel des terrains sont très sévèrement pollués par une ancienne usine à gaz. Les toxiques listés par l'étude d'impact font froids dans le dos au point que la DREAL a recommandé d'interdire ici les cultures fruitières et même les aires de jeu pour enfants... Le seul espace sain est le bois du lycée. Mais là nous touchons un autre problème. L'ensemble de la ZAC se trouve dans une zone exposée au risque d'inondation. Le petit bois promis à la macadamisation faisait office jusque là de zone humide capable d'amortir les effets d'une crue. Qu'en sera t il en cas de débordement de la Seine une fois que le quartier sera construit ?
Somme toute la municipalité d'Elbeuf et ses partenaires se trouvent pris dans une terrible contradiction. Pour amortir le cout exorbitant de la viabilisation, il leur faut accroître le nombre de logement. Accroitre le nombre des logements accroit le cout de la viabilisation. Du projet d'éco-quartier on est ainsi passé à un ensemble ressemblant à une zone d'urbanisation prioritaire... qui n'est gère du goût des classes moyennes.
Tout laisse à penser que la ZAC Marignan est promise à un échec financier. Bien entendu la collectivité et ses partenaires du logement viendront compenser les pertes. Et tout cela au prix de la destruction d'un espace naturelle remarquable selon la LPO de Seine-Maritime, d'un petit bois maillon essentiel de la trame verte et bleue qui relie les forêts au fleuve, d'une zone humide qui a été d'un grand secours lors des dernières crues de la Seine...
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