Juste un petit peu de gauche....
Au delà de cet événementiel de communication politique, nous souhaitons par cette lettre à tous les élus de la CREA, tirer un premier bilan de l'ouverture et de cette opération de naming, afin que l'obscurantisme et l'autoritarisme des grands élus PS ne restent pas la dernière parole politique et citoyenne sur ce dossier. Cette exigence nous parait d'autant plus légitime que les expressions d'opposition à ce projet ont été très diverses dans leurs origines politiques (EELV, PCF...) mais aussi dans leurs natures (associations, collectifs, artistes, citoyens....) qui ont eut une portée médiatique non négligeable.
Un partenariat juste un petit peu irresponsable....
Ce "Kindarena", palais des sports accolé d'un contrat de naming de 4.6 millions d'euros sur 10 ans et qui comprend de nombreux supports de pub et notamment la station TEOR, ne dit pas son nom. En effet, en parallèle il faut savoir que le club de basket a été repris par Ferrero pour en faire un club marketing, vitrine du sport-fric. Donc ce naming permet à l'entreprise Ferrero de se dédouaner, dans une opération de marketing locale puis nationale (pour cette échelle le coût frise le dérisoire), du cynisme qui consiste à générer du profit sur la dégradation de la santé des enfants, et sur le saccage de l'environnement. Le chiffre d'affaire de Ferrero France a été multiplié par 3 en 20 ans pour atteindre 1,2 milliards d'euros, le bénéfice net est lui aussi en progression constante à 58 millions d'euros sur 2011. Dans le même temps la structure salariale a suivi un rythme bien plus timide, 20% de croissance, comparé à des résultats en augmentation de 300%...
Une entreprise juste un petit peu sociale....
L'impact sanitaire des produits commercialisés par Ferrero ne peut être négligé ou balayé par un besoin d'argent. Les sucres, et les graisses contenus dans ces produits mais aussi l'incitation au grignotage sont deux problématiques importantes et largement documentées de la prise de poids chez l'enfant. Enfant qui est la cible prioritaire de cette entreprise dont le cœur de cible commerciale sont les plus fragiles socialement.
Pour preuve ce commentaire issu du rapport 2011 sur l'état de santé de la France : "Dans toutes ces enquêtes, les enfants en surcharge pondérale sont proportionnellement plus nombreux parmi ceux qui sont scolarisés en zone d’éducation prioritaire (ZEP) que chez les autres. Ces résultats reflètent les disparités sociales. Ainsi, les prévalences de l’obésité sont toujours plus importantes parmi les enfants dont le père est "ouvrier" que parmi ceux dont le père est "cadre". Là encore le cynisme qu'on aurait accueilli sans surprise d'une droite libérale livrant les enfants aux faiseurs de profits laisse bien amer et songeur lorsqu'il est porté par une gauche prétendument socialiste...
Juste un petit peu en contradiction...
Soulignons que notre région est une région historiquement très touchée par ce phénomène d'obésité, lequel n'est d'ailleurs que la partie la plus visible de la problématique globale de santé à laquelle nous faisons face.
Nous les Hauts Normands oscillons entre la dernière place et l'avant-dernière place des études nationales concernant le pourcentage de personnes obèses dans notre population. Cet indicateur n'est qu'un exemple parmi d'autres puisque la situation est à peu près similaire concernant les décès par maladie cardiovasculaire.
Ces connaissances, pourtant largement publiques, n'ont pas empêché des élus locaux connaissant parfaitement les problématiques sanitaires de notre région de favoriser cette opération de naming...
Juste un petit peu éloignés des préoccupations quotidiennes...
Cette décision est totalement à contre-courant d'une politique humaniste de protection de la santé des populations et notamment celle des plus vulnérables d'entre nous. A plus forte raison, lorsque les publicités poussant à la consommation de ces produits gras et sucrés sont associées au "remède" qu'est l'activité physique et le sport. Cette association 'Ferrero/Palais des sports' porte le cynisme à son paroxysme quand le second des deux, levier prioritaire de lutte contre la mal-bouffe et l'obésité du premier, se voit contraint d'en porter les couleurs. Nous affirmons que cette assimilation vient jeter le trouble sur toutes les campagnes de sensibilisation des habitants depuis des années...
Juste un petit peu irresponsable sur la santé
publique...
Un choix politique peut aussi s'apprécier à l'aune de la qualité environnementale des partenaires que la puissance publique choisit, surtout quant il s'agit pour l'entreprise de s'afficher sur des bâtiments publics. Là encore, celui promu par nos élus questionne pour le moins : En premier lieu, Ferrero depuis des années refuse de prendre en considération les demandes répétées d'associations l'invitant à garantir que le lait dont il use dans la fabrication de ses produits est issu de filière animales nourries sans OGM, lorsque l'on voit les dernières études scientifique sur le sujet, on est en droit de s'inquiéter... En second lieu, cette entreprise consomme énormément d'huile de palme. Or l'huile de palme, comme le dénoncent depuis tant d'années nombre d'associations, compte parmi les causes majeures de déforestation des forêts primaires, déforestation elle-même cause de 20% des émissions annuelles de CO2 (gaz à effet de serre) dans le monde et ce alors-même que le péril climatique menace tant ?
Comment ignorer les ravages sur la bio-diversité occasionnée par ces monocultures de palmiers à huile, la disparition dramatique des puits de carbone que représentent ces forêts anciennes, rasées ici et là pour y planter d'immenses champs de palmiers à huile...
Et sur ce sujet Ferrero n'est pas très recommandable se situant bien loin dans les classements des conditions de production environnementale et sociale, et notamment celui du WWF sur "Huile de palme, de la déforestation à la nécessaire durabilité, 11/2011" qui conclut à un manque de responsabilité de Ferrero sur ce sujet.
L'environnement juste un petit détail...?
La CREA une institution juste un peu de gauche...
Un des arguments les plus souvent mis en avant pour justifier ce partenariat de la part des grands élus PS des grandes collectivités est celui des finances.
Rappelons que le montage financier de l'investissement pour un total d'un peu plus de 52 millions d'euros se décompose ainsi :
La CREA : 34,5 millions d'euros
Avec le soutien financier de la Région Haute-Normandie : 11 millions d'euros
Du Département de Seine-Maritime : 7 millions d'euros
Comment oublier à ce stade de la réflexion que les mêmes collectivités locales complétées par la Ville de Rouen ont abandonné dans le même temps une médiathèque régionale de 42 M€ sous prétexte de la situation financière... même si les deux projets ne sont pas comparables terme à terme, mais ce sont les mêmes grands élus PS qui ont fait les arbitrages... Entre eux...
Juste un petit choix politique incompréhensible...
Sur un budget total d'investissement de 216 millions d’euros par an, la construction pèse sur les finances de la CREA à hauteur de 15% des investissements d'une année.
Le coût de construction public étant 7 fois plus important que le contrat de naming, nous nous indignons alors de constater que Ferrero bénéficie d'une communication identique à celle de du principal financeur sans l'être. Au rythme de 4.6M€ sur une période de 10 ans, ce partenariat devrait être reconduit durant 60 années supplémentaires pour égaler l'investissement de la CREA dans le 'Kindarena'... Juste une aubaine pour une entreprise si irréprochable...
Juste une petite gabegie d'argent public...
Sur le plan des dépenses de fonctionnement, poussons plus loin et observons que le contrat de naming ne vient qu'abonder le budget de fonctionnement du palais des sports. Le coût d’exploitation du bâtiment est de 1,3 millions d’euros par an HT, somme prise en charge par le délégataire (VEGA) à qui la CREA verse une subvention annuelle de 464 000 euros dans le cadre de la délégation de service public. Donc le contrat de naming s'élève à 4.6M€ sur 10 ans ce qui représente exactement dix fois 464 000 euros, la CREA n'étant qu'un "point de passage financier". Ce Palais des sports, investissement purement public est donc totalement livré à deux sociétés privées qui se co-financent et qui vont faire fructifier leur argent et promouvoir leur image...
Juste un petit peu ultra-libéral...
La participation de Ferrero au budget de fonctionnement de la CREA, hors budget annexe, est de 0.1% des dépenses de fonctionnement ce qui n'aura quasiment pas d'impact, A titre d'exemple, sur Compte Administratif 2010, au chapitre "Réception + Divers" 808.000 euros ont été dépensés...
En préparation de l'année 2011, le budget prévisionnel présente sur les masses globales de fonctionnement, des recettes de 508 millions d’euros (+4,31 %) et des dépenses de 432 millions d’euros (+2,61 %). Les recettes de fonctionnement croissent donc plus vite que les dépenses, sur des volumes financiers sans comparaison avec les sommes rapportées par le contrat de naming. Dernier élément nous poussant à relativiser sur l'argument financier qui justifierait un tel contrat de naming : La dette bancaire au 1er janvier 2011 de la CREA s’établit à environ 223 millions d’euros, soit une capacité de désendettement proche de 5 années. La moyenne des villes de plus de 100.000 habitants étant de plus de 7ans.
La CREA n'étant pas une collectivité endettée, ce partenariat ne trouve aucune justification dans des contraintes budgétaires....
Juste un petit peu mensonger...
Une gestion du sportif juste un petit peu sur les valeurs du sport fric....
Le club de basket-ball de Rouen était un club ancré dans le territoire issu d'une histoire de citoyens s'engageant dans le sport, tant dans ses dimensions amateurs que professionnelles. Quelques semaines après l'annonce de ce partenariat, des pressions ont commencé au sein du club pour faire évoluer les équipes de dirigeants et les partenariats. Le logo même du club a évolué en faisant apparaître le mot Kinder. C'est ainsi que les jeunes qui jouent au basket à Rouen ont des maillots floqués Kinder, tout un symbole....
Juste un petit peu catastrophique en terme d'éducation
populaire...
La CREA et la ville de Rouen, deux financeurs importants du club (respectivement 280 000 et 250 000 Euros de subventions annuelles) ont donc accompagné l'éviction des équipes de dirigeants historiques du club. A travers la mise à disposition de la salle du Palais des sports, c'est la destruction d'un véritable club ancré dans une histoire et un territoire qui disparaît au profit d'un club phagocyté par un partenaire financier très gourmand, et appuyé par les collectivités locales qui rêvent que le territoire rayonne grâce au sport-fric.
Mais ce sport-fric, sans valeur, sans éthique c'est bien celui qui entraîne le dopage, la corruption via les paris en ligne, c'est celui dont le modèle se répand dans les jeunes générations... Ce partenariat, c'est valider et favoriser le sport-fric hors sol, une drôle de conception du sport.
Juste un petit peu déplorable et funeste pour les valeurs du sport....
Et que dire, une fois de plus de la communication du conseil général qui offre des "claps claps" aux spectateurs à chaque match.... risible... tragique à l'heure où les besoins sociaux ne sont pas pourvus par cette collectivité.
Drôle de deal
En définitive ce naming est un deal entre une entreprise qui doit faire évoluer l'image de ces produits trop gras et trop sucrés. C'est pourquoi elle lie son image avec celle du sport, histoire de troubler la perception des consommateurs, une façon cynique de manipuler les citoyens.
Dans le même temps les "grands" élus PS ont des rêves ridicules d'envoyer une équipe en première division et de faire rayonner le territoire. Juste une stratégie politique lamentable lorsque portée par des élus se revendiquant "de gauche", et laquelle se révèle en dernière analyse catastrophique lorsque adossée à un partenaire financier tel que Ferrero.
Le plus grave ? Comment ce genre d'opération peut-elle être validée par des dizaines d'élus socialistes aux qualités humaines reconnues, mais qui en arrivent néanmoins à laisser faire leurs grands élus sans à aucun moment dire 'Stop !' devant une ineptie pourtant flagrante.
L'abandon des valeurs politiques au profit des grandes entreprise n'est-il pas la caractéristique de l'ultra-libéralisme ? Le fait de trahir ses discours (lutte contre l'argent roi, contre le tout économique...) dans ses actes ne pousse-t-il pas nos concitoyens à se réfugier dans l'abstention, ou l'extrême droite..
Juste un petit peu mortifère pour notre démocratie...
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